Nous profitons de la quiétude de notre petite commune, proche de la grande ville avec les charmes de la campagne. Boigny possède une belle superficie de forêts et les activités agricoles occupent encore un tiers des terres.
Boigny est au bord du plateau de Beauce, sur le parcours de la Bionne, dans une petite vallée qui rompt avec la monotonie paysagère du plateau. La Bionne nait de sources et de résurgences des eaux souterraines de la Beauce, et curieusement elle ne prend le nom de Bionne qu’à partir des bois de Boigny. Plus en amont, elle s’appelle l’Esse. Son plus long affluent est le Ruet qui veut dire « le Petit Ruisseau ». Le nom d’Esse aurait la même racine qu’Essonne et justement, au nord de Loury, la goutte de pluie qui tombe au sol ne s’écoule plus vers la Loire mais vers… l’Essonne.
Les Barres dont le nom évoque le «droit de barrage», c’est-à-dire une barrière pour fermer un chemin. Pour la franchir, il fallait payer un droit de passage pour les marchandises. En 1352 on y trouve les traces d’une maladrerie : Notre Dame des Barres.
Les Époisses, dont le nom évoque des bois touffus ou «épais», qui sont toujours présents probablement parce que la proximité de la Bionne, qui parfois déborde, a dissuadé les bâtisseurs d’y construire et les cultivateurs de cultiver.
Les Tertres, qui suggèrent un monticule, une élévation des terres.
Boigny a une longue histoire qui remonte à l’époque romaine, avec une forte activité au Moyen-âge et c’est un regard depuis notre passé jusqu’à aujourd’hui que nous allons vous présenter.
On sait peu de chose sur cette époque. Ce sont peut-être des sources d’eau, plus actives en d’autres temps, ou un passage à gué de la Bionne qui ont été le premier point de fixation, avec les premières habitations de Boigny.
Le XIIe siècle : c’est le temps des croisades. Les Capétiens arrivent au pouvoir.
En 1154 Louis VII Le Jeune fait don du domaine royal à « L’ordre Militaire et Hospitalier de St-Lazare de Jérusalem », qui y installe une léproserie et qui gère les terres alentour.
La même année Louis VII le jeune épouse Constance de Castille dans l’église de Boigny.
En 1262 la Commanderie de Boigny devient le siège principal en France de l’Ordre des Chevaliers de St-Lazare par décision de Saint Louis. Elle devient la Commanderie Magistrale : le Grand Maître de l’Ordre y établit sa résidence.
La lèpre fait des ravages en France depuis des siècles. Elle connait une recrudescence par le contact des croisés avec les foyers de la lèpre que l’on situe vers l’Égypte. Louis VII avait constaté les bienfaits des maladreries d’Orient pour freiner la propagation de la maladie.
Il organise les soins en France sur ce modèle et s’adresse naturellement aux Frères de Saint Lazare. Une tradition dit qu’il ramène douze frères avec lui et c’est à eux qu’il fait des dons importants parmi lesquels son château de Boigny en 1154.
En arrivant à Jérusalem lors de la seconde croisade, Louis VII décide de convoquer une assemblée à Acre le 24 juin 1148 pour décider de la suite à donner à l’expédition. Malgré les conseils des barons locaux, la décision est prise d’attaquer Damas alors que le régent de cette ville avait conclu une alliance avec les francs.
L’attaque commence le 24 juillet 1148. Les croisés assiègent la ville et la victoire semble facile. Mais la mésentente des chefs permet aux défenseurs de la ville d’attendre l’arrivée d’une armée de secours. De peur de se retrouver encerclés, les croisés abandonnent la partie et se replient vers Jérusalem. Quelques temps après Louis VII rentrent définitivement en Europe.
Cette deuxième croisade n’est finalement qu’une succession d’échecs. Les croisés rentrent donc avec seulement des noyaux de prunes dans leurs poches provenant des pruniers blancs de Damas. Ils les planteront à Boigny-sur-Bionne et dans les villages alentour amenant ainsi un nouveau fruit en Europe.
Pour l'anecdote, on retiendra que c'est de là que vient l'expression « pour des prunes » en référence à cette croisade « pour rien ».
Louis VII le Jeune (1137-1180)
La baronnie de Boigny est un bien important. Plusieurs rois y ont résidé :
Louis VI Le Gros y a tenu sa cour
Louis VII lui-même, après avoir répudié Aliénor d’Aquitaine, y épouse Constance, la fille du roi Alphonse VIII de Castille en 1154.
Au XVIe siècle, le grand maître de l’Ordre fait tenir tous les ans à Boigny un chapitre général. À sa mort, le château est saccagé par les catholiques, ombrageux depuis longtemps de cette activité humanitaire qui échappait au clergé.
La maison de Boigny reste plus d’un siècle inhabitée et dans un état déplorable. La maison n’est plus qu’une simple ferme vers 1630.
Louis XIV rattache à l’Ordre l’administration de toutes les maladreries, léproseries, hôtels-dieu, aumôneries, confréries, chapelles, hospitalières et autres lieux du royaume. Et Boigny en est le centre principal. Mais la fin de règne est difficile, et une fois de plus le château tombe en ruine. En 1713, peu avant la mort de Louis XIV, Boigny compte 56 habitants.
La restauration de la maison de Boigny est décidée en 1699. Mais au lieu de restaurer la vieille maison, on dessine plutôt un petit château dans l’esprit de l’époque. C’est un certain Huguet de Semonville qui le fait construire à ses frais. Les armoiries de Huguet de Semonville apparaissent au fronton, du côté est.
< Les armoiries de Huguet de Semonville visibles sur le fronton est.
En 1789 et les années qui suivent, c’est le choc de la Révolution !
En 1790 on assiste à l’élection du premier maire (c’est le curé de Boigny) et à la vente du château et du presbytère au profit de la nation.
En 1789, Boigny compte 49 habitants, et 203 en 1790. Les idées nouvelles balaient tout l’édifice social. Les biens sont aliénés, comme les autres biens nationaux, et vendus au profit de la nation.
Sous la Restauration, Louis XVIII lui-même devient Grand Maître de l’Ordre de Saint Lazare. À sa mort, en 1824, son successeur Charles X devient à son tour protecteur de l’Ordre.
En 1860, Boigny compte 330 habitants.
En 1865, avec les lois de Jules Ferry, on construit l’école qui deviendra plus tard une annexe de la mairie : la salle du conseil municipal.
1870 – 1945 : le temps des guerres.
1870 : Boigny est occupé par les Prussiens. Le village doit verser une indemnité de guerre de 200 francs.
1914-1918 : 17 habitants ne reviendront pas du premier conflit mondial.
1931 : Boigny ne compte plus que 205 habitants.
En 1933 que Boigny prend le nom de Boigny sur Bionne.
1940 et l’occupation allemande, 5 prisonniers de guerre et un travailleur sont requis. Massacre de 5 ouvriers agricoles dans le bois de Charbonnière.
1944 : le 17 août, la 5ème armée du général Patton (une partie) franchit le pont de Boigny.
À Boigny, il y avait un moulin à vent, le moulin Jeulin, ou Moulin du Bourg. Il se dressait au nord, près du clos de Limaudière, entre l’église et les terres du Grand Bouland. Sous la révolution, il appartient à Jean Baptiste Jeulin-Renard, meunier et boulanger à Boigny. Il s’arrête de fonctionner en 1857 et le feu le détruit en 1867.
Il n’y a pas un, mais cinq cafés de Boigny. Chacun d’eux a ses habitués. C’est aussi le rendez-vous de nombreux habitants des communes voisines.
Le passage de l’armée du Général Patton est matérialisé par une borne près du pont.
La première église de Boigny remonte au début du XIe siècle. Elle est reconstruite au XII° siècle, modifiée au XVe puis au XVIIe siècle pour prendre son aspect actuel. La cloche actuelle est fondue par l’entreprise Bollée en 1888.
La Salle : dès l’époque Carolingienne (VIIIe et IXe siècles), un « Châtelet royal » existe sur le secteur de la Salle. C’est un rendez-vous de chasse du roi.
Le Château de la Salle était composé de deux parties, l’une datant probablement du XIe ou du XIIe siècle, et l’autre du XVIIe siècle. Dans les années 1870/1890, le Château de la Salle est habité par Eugène VIGNAT, conseiller municipal à Boigny puis maire d’Orléans.
Dans les années 1980, suite à un différend entre la municipalité et les propriétaires, Boigny doit verser une indemnité conséquente. Peu après, deux incendies ont raison du Château de la Salle. Il devient bien communal, puis il est rasé en 1990.
En 1960 : Boigny compte 230 habitants, c’est-à-dire autant qu’en 1921, et moins qu’en 1910 (325h).
En 1970 : 450 habitants.
En 1980 : avec l’installation d’IBM quelques maisons connues sous l’appellation « Baticop » sont édifiées au sud de la rue de Verdun. Quelques années plus tard, se construisent les lotissements Phenix. La population passe à 1595 habitants.
En 1990 : 1718 habitants.
En 2013 : 2239 habitants.
Après la construction des premiers lotissements dans les années 60 et 70, d’autres vont suivre, toujours en rive droite de la Bionne.
En 1983 Boigny sur Bionne fait réaliser son propre forage d’eau avec un château d’eau à proximité. Il a une capacité de 600 mètres cubes d’eau.
L’école grandit, des équipements, sportifs pour la plupart, accompagnent.
Il fait bon vivre à Boigny, commune de la seconde couronne de la Métropole, entre ville et campagne, qui unit les charmes de l’un et les commodités de l’autre. Ce sont les Boignaciens qui ont créé leur village au fil des siècles, avec le mode de vie qui leur convient.