La Bionne prend sa source à 4,5 km de Loury, en forêt d’Orléans près de la ligne de partage des eaux entre le bassin de la Loire et le bassin de la Seine. Elle se jette dans le canal latéral de la Loire et sa longueur est de 18,9 km.
En vérité elle porte d’abord le nom de Grande Esse et devient la Bionne à partir de Boigny. Avec les trois affluents, la Petite Esse, le Ruel et l’Ivoirie, le bassin versant s’étend sur 101 km² et touche 10 communes. Ces trois cours d’eau sont gérés par le Syndicat Intercommunal des bassins versants de la Bionne, du Cens, de la Crénole et de leurs Affluents (SIBCCA).
Les Tracés de la Bionne
au Fil du Temps
Maintes fois l’homme a modifié le tracé de la Bionne. Au Moyen Age, les Hospitaliers de Saint Lazare créent une dérivation sur 1,5 km, pour alimenter une chute d’eau qui aura plusieurs fonctions : permettre au château de la commanderie de disposer d’une réserve d’eau en période sèche, actionner un moulin et élever l’eau à l’aide d’un « bélier hydraulique » (qui existe toujours) pour irriguer quelques terres. L’eau est restituée à la rivière en amont du pont de Boigny.
Lors du remembrement de la plaine céréalière, le cours de l’Esse est redessiné et recalibré. Il perd la sinuosité qui permettait de ralentir l’écoulement des hautes eaux. En 1964, il faut créer le Syndicat Intercommunal de la Vallée de la Bionne avec mission de réduire les inondations répétées de l’Esse.
Avec l’arrivée d’IBM dans les années 60, il faut évacuer de grosses quantités d’eaux industrielles, et on projette de buser la Bionne cette fois, jusqu’à Combleux. Le maire s’y oppose énergiquement.
Il en résulte un compromis : la Bionne est recalibrée à Boigny, le barrage est remis à neuf et on conserve le second bras qui forme l’île.
La Bionne
Redonner Vie
à la Bionne
Redonner un aspect plus naturel.
En 2017 on corrige l’artificialisation en redonnant à la rivière un aspect plus naturel. Le Syndicat de rivière (SIBCCA) a entrepris cette restauration pour atteindre le « bon état écologique » imposé par la Directive Cadre Européenne sur l’Eau à l’échéance 2021. Le but visé par la DCE est
L'amélioration de la qualité des milieux aquatiques : aspects hydrauliques, biologiques et paysagers.
L'amélioration de la continuité piscicole et sédimentaire, par la suppression ou l’abaissement des ouvrages au fil de l’eau, et en ce qui concerne Boigny, 7 clapets, 2 moulins et 3 étangs.
Le programme s’échelonne sur cinq ans depuis 2017. Il est financé par l‘Agence de l‘Eau, la Région, le Département et le SIBCCA. Le « clapet » (barrage) qui se trouvait en aval de l’île est supprimé en premier. Les plans d’eau disparaissent. Les berges sont reprofilées afin de redonner une morphologie et un écoulement plus naturels à la rivière, en basses eaux comme en hautes eaux. L’écoulement pérenne est favorable à la vie aquatique au point qu’en trois ans le nombre d’espèces de poissons a été multiplié par quatre. La vie a repris.
Le nouveau profil de la rivière ne diminue aucunement la capacité d’écoulement et permet même de ralentir la montée des eaux en période de crue. La végétation des rives est revue et embellie. Les ormes arrivés à maturité sont abattus. De nouveaux arbres et arbustes et des plantes semi-aquatiques sont plantés.
Des méandres légers dans le cours principal ont redonné un côté naturel au tracé.
Le bras gauche, au niveau de l’île, est converti en cours d’eau temporaire. Toute l’eau se dirige vers le bras principal, ce qui assure désormais un écoulement d’eau vive qui a nettoyé le fond de la vase accumulée depuis des années. Le bras secondaire se réactive de lui-même en hautes eaux.
Depuis 2017, d’autres sites ont été traités :
À Saint-Jean-de-Braye à hauteur de la Motte Ste Euverte, un important tronçon a été renaturé.
À Combleux, le SIBCCA a procédé à l'effacement des ouvrages (déversoir et clapet).
À Marigny les Usages (Maison Rouge) il a procédé à la restauration de l'Esse.
À Chécy, ce sont 2 km de cours d’eau qui ont été traités, sur la Bionne et son affluent l’Ivoirie.
Les travaux se poursuivent à Boigny en amont du pont, et progressivement jusqu’à Loury.
Après travaux, la Bionne depuis la passerelle de l’île : la rivière a un aspect naturel, l’eau court, la vitesse accrue entraîne les vases du fond et le cours d’eau se nettoie.
L’origine des Eaux
de la Bionne
À Boigny, les eaux de pluies sont collectées par des conduites et envoyées dans le bief ou dans la Bionne. Il va de soi que les deux affluents, Petite Esse et Ruet, toutes proportions gardées ont le même mode de fonctionnement.
Le confluent du Ruet et de la Bionne. Le Ruet (à droite) passe sous le sentier de promenade par une buse en ciment et se jette dans la Bionne dont le cours a, ici aussi,été artificialisé. Son tracé qui sera revu prochainement.
La Bionne
Le Régime
de la Bionne
Le régime varie selon les saisons, et il a varié dans le temps. En 1999, un rapport du syndicat de rivière indique des débits d’étiage compris entre 10 et 50 litres par seconde. En période très sèche, le débit est celui des résurgences de la nappe de Beauce, augmenté des rejets d’exploitations. En plein été sec 2020, il n’est pas descendu en dessous de 20 l/s.
La Bionne connaît des inondations. En 1983 et en 2002, la rue des Bas Prés est sous 20 cm d’eau, ce qui conduit à la mise en place de bassins de rétention pour protéger les nouvelles constructions en zones basses. La mesure va se révéler insuffisante.
En 2016 la crue bat un record. La fréquence est plus que centennale. Les constructions des zones basses sont inondées. Le système de veille automatique du SIBCCA (un radar placé à Loury et un radar à Boigny) lance une pré-alerte le 29 mai vers 2h du matin, suite à la montée du niveau de l’Esse. Une seconde pré-alerte est donnée par le radar de Boigny le 30 mai à 8h et l’alerte est donnée à 10h48. Le pic de crue est atteint le 31 mai vers 11h. A cet instant, la Bionne atteint la cote de 2,50m au-dessus de son niveau d’étiage.
Une mesure de débit au droit du pont (y compris les débordements latéraux) indique 55 m3/s. Les rues des Bas Prés, de Ponchapt et de la Verniche, l’impasse des Chaufourniers sont inondées et les dégâts sont importants. Aux Barres, l’Ivoirie qui est busée sur une grande partie de son parcours déborde et la buse est trop petite pour absorber tout le ruissellement qui vient des versants, du NW comme du SE.
La Qualité des Eaux
de la Bionne
Des mesures ont été faites au fil des ans et révèlent une qualité irrégulière. La qualité chimique de base reflète l’alimentation naturelle d’une rivière coulant sur un sol argilo-calcaire. Des modifications se surimposent, liées aux rejets des eaux usées issues des entreprises du PTOC, au rejet des eaux pluviales des communes de Loury, Rebréchien, Vennecy et Boigny, et à l’agriculture.
Fort heureusement, la part de la nappe qui alimente la Bionne est peu touchée par les épandages de nitrates en Beauce car elle se trouve au sud de la ligne de partage des eaux entre la Loire et la Seine qui passe au Nord de Loury. La contribution de la nappe de Beauce, variable selon les années, apporte une eau calcaire.